Pollution de la rivière Kwë : premières constatations

 

Le 15 décembre au petit matin, l'Observatoire est alerté par un habitant de Port Boisé qu'une pollution est en cours sur la rivière Kwë. Une équipe s'est immédiatement rendue sur place pour y effectuer de premières constatations et prélèvements. Voici le rapport de mission préliminaire. 

 

Chronologie des évènements

  • 14/12/2020 – début de soirée : Le centre de maintenance de la mine de Vale Nouvelle-Calédonie est la cible d’incendies volontaires.

  • 15/12/2020 :

    • 7h30 : L’OEIL est alerté par M. Atiti, résident à Port Boisé, d’une pollution sur la rivière Kwë constatée au petit matin. Cette rivière se situe sous l’influence des installations sur la partie minière de Vale NC.

    • 8h30 : Une équipe de l’OEIL se mobilise (Fabien Albouy, directeur, et Adrien Bertaud, responsable du pôle Environnement) et se rend sur site pour confirmer la pollution et en faire une première caractérisation.

    • 11h30 : L’équipe arrive sur place vers et échange avec le chef d’opération de la Gendarmerie et les agents de Vale NC présents : selon eux, des unités de stockage en plastique contenant des huiles pour les engins de chantiers auraient fondu sous la chaleur de l’incendie. Ces huiles se seraient déversées et auraient été lessivées ensuite par l’intervention des pompiers. Les employés de Vale NC indiquent des volumes de près de 10 000 litres dont la moitié se serait déversée dans le milieu naturel.

 

Constats

L’équipe s’est rendue sur quatre points d’observation (rond gris sur la carte) :

  1. Centre de maintenance de la mine : observations.
  2. Radier Kwé : observations et prélèvements d’eau et de diatomées.
  3. Station 1-E à environ 1km5 de l’embouchure : observations et prélèvements d’eau et de diatomées.
  4. Baie Kwé : observations par un résident

 

En ce qui concerne le substrat, sur toutes les parties parcourues de la rivière Kwë, les observateurs constatent :

  • Une odeur d’hydrocarbure,
  • La présence d’huile en faible épaisseur en surface s’accentuant sur les portions de rivière les plus statiques.

En ce qui concerne les organismes vivants : aucune mortalité d’espèces végétales (la ripisylve a notamment fait l’objet d’une attention particulière) ou animales n’a été constatée sur les portions de rivière parcourues, y compris à l’embouchure. Plusieurs poissons vivants et sans signe de perturbation ont pu être observés au niveau du radier de la Kwë : 3 carpes, 2 gobies et une anguille de 35 cm.

 

Synthèse provisoire

La pollution est bien présente sur le cours d’eau de la rivière Kwë, de son bras Ouest à son embouchure en passant par le bras principal. La pollution est visible, perceptible et avec une persistance notable : en effet, les observations ont été faites plus de 15 heures après le déclenchement de l’incendie.

Pour autant, aucune mortalité d’organismes aquatiques n’a été pour le moment constatée. L’Observatoire insiste sur la nécessité de rester vigilants sur les impacts à moyen terme et long terme du fait de la persistance de l’élément polluant.

Il faut également noter que des recommandations de l’OEIL avaient auparavant été produites à la demande de la province Sud entre 2017 et 2019 quant à l’optimisation des plans de suivi environnementaux autour du complexe industriel et minier de Vale NC. Parmi ces recommandations, l’OEIL avait pointé les éléments suivants d’amélioration :

  • Ajouter au plan existant le suivi des communautés récifales dans la baie Kwë (et un site de référence hors influence) : le réseau de suivi réglementaire impose actuellement le suivi d’une station positionnée entre les baies Kwë et de Port Boisé et ne rendant pas compte, de manière isolée, des pressions potentielles sur le bassin versant de la rivière Kwë.
  • Réviser les modalités des suivis physicochimiques des eaux :
    • les prélèvement ponctuels effectués tous les 6 mois pourraient être remplacés par des accumulateurs passifs de type DGT qui permettent de mesurer des périodes significatives de la vie de la rivière – l’OEIL a d’ailleurs testé avec succès ces nouveaux procédés qui apportent un éclairage nouveau des phénomènes locaux.
    • les solvants organiques qui pourraient être utilisés sur le site doivent être recherchés de manière ponctuelle (l’OEIL n’en a pas observé en 2019).

 

Et après ? 

 

  • Les résultats des analyses effectués par l’OEIL seront disponibles dans un mois (les échantillons doivent être envoyés en métropole).
  • De nouvelles campagnes d’observation auront lieu dans les semaines à venir afin de suivre l’évolution de la pollution et de constater ses éventuels effets sur les écosystèmes.

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