La mangrove

La mangrove est une forêt intertropicale de bord de mer, principalement constituée de palétuviers. Elle a « les pieds dans l’eau ». En effet, elle se développe sur les zones littorales soumises à l’influence des marées. Elle a longtemps été considérée comme une zone de marécage insalubre et infestée de moustiques. Elle est aujourd’hui reconnue comme un des écosystèmes les plus

productifs de la planète. C’est pourquoi ce milieu mérite d’être préservé.

En Nouvelle-Calédonie, la mangrove se situe principalement sur la côte Ouest (88 % de la surface totale de mangrove du Territoire). Cette mangrove est principalement présente dans les baies abritées. En province Sud, elle couvre 163 km².


Superficie en Nouvelle-Calédonie : 359 km²
Superficie en province Sud : 163 km²
Côte ouest : 88 % des mangroves
Nombre d'espèces : 190 dont 10% endémiques
Une zone tampon entre terre et mer, un intérêt écologique majeur

La mangrove joue plusieurs rôles écologiques. Elle protège le littoral en limitant l’érosion de la côte par le vent, les vagues et les courants. C’est aussi une barrière physique car elle atténue l’impact des tempêtes et des cyclones. Elle protège le lagon avec ses racines denses et entrelacées qui reteniennent la majorité des sédiments provenant de l’érosion des sols et évite ainsi l’asphyxie et la mort du corail. La mangrove agit également comme une véritable station d’épuration qui filtre les eaux usées en recyclant la matière organique et qui piège les polluants. A chaque marée descendante, elle enrichit les eaux du lagon en sel minéraux nutritifs et contribue ainsi au développement des récifs coralliens et des herbiers.

La mangrove est une véritable nurserie pour
de nombreuses espèces du lagon

La mangrove est un habitat pour de nombreuses espèces animales (mollusques, crustacés, poissons et oiseaux). L’eau trouble et l’enchevêtrement de racines offrent une zone de refuge aux espèces de petite taille ainsi protégées des prédateurs. La mangrove est une nurserie, riche en proies et en abris, pour de nombreux jeunes poissons du lagon.

La mangrove nous rend service ! Elle…

•   nous approvisionne en nourriture par l’aquaculture, la cueillette et la pêche,

•   régule le climat en captant le CO2,

•   améliore la qualité de l’eau en la filtrant,

•   abrite des insectes pollinisateurs,

•   protège le littoral contre les tsunamis et les cyclones,

•   a une valeur culturelle forte et représente un intérêt économique pour le tourisme.

Enfin, la mangrove est un endroit privilégié de cueillette et de pêche pour les populations côtières. Elles y puisent une partie de leur ressource alimentaire riche en protéines (crabes de palétuvier, grisettes, palourdes, mullets, etc.).

La mangrove, menaces et enjeux

De par sa situation entre terre et mer, la mangrove est un milieu vulnérable. Côté mer, elle est soumise à de fortes pressions naturelles (tempête, cyclone, tsunami). Côté terre, elle est menacée par les activités humaines. En effet, de par l’augmentation de la population, la mangrove subit déforestation et remblaiement. Ainsi, dans la région de Nouméa, des hectares de mangrove ont disparu au profit de zones urbaines.

La mangrove fait par ailleurs régulièrement office de dépotoir. Elle est aussi menacée par les pollutions provenant de l’exploitation minière et de l’aquaculture.

Enfin, les ressources vivantes qu’on y trouve sont souvent victimes de surpêche.

Aujourd’hui, les intérêts écologiques et économiques de ce milieu sont reconnus. Une partie de la mangrove néo-calédonienne est classée en zone protégée. Des programmes de réhabilitation sont également mis en œuvre.

Espèces végétales peuplant les mangroves

La mangrove présente des conditions de vie hostiles pour les végétaux : sol instable, inondé, salé et faiblement oxygéné. Sa flore est constituée d’espèces adaptées à ces conditions difficiles, principalement des palétuviers qui ont développé des racines aériennes. Certains ont des racines échasses (les rhizophores) qui leur permettent de s’ancrer solidement dans la vase. Ils peuvent aussi présenter des racines qui pointent vers le haut (les pneumatophores) et qui leur permettent de respirer. Certains palétuviers ont également des systèmes d’excrétion du sel sur leurs feuilles.

Certaines espèces utilisent la viviparité pour se propager : les graines germent directement sur l'arbre. Les jeunes plantules se détachent ensuite de l'arbre-mère pour se développer dans la vase.

En Nouvelle-Calédonie, la flore de la mangrove est dominée par les palétuviers Rhizophora (55 % de la surface totale) et par les Avicennia (14 %).

Espèces animales peuplant les mangroves

La mangrove est un milieu très productif où vit une faune abondante.

Les palétuviers servent en effet de support et d’habitat à de nombreux mollusques et crustacés : les huîtres de palétuvier se fixent sur les racines et les crabes de palétuvier creusent leur terrier dans la vase.

Dans les eaux saumâtres (mi-douces, mi-salées) des mangroves estuariennes, vivent à la fois des poissons d’eau douce qui supportent l’influence marine des marées et des poissons marins résistant aux eaux dessalées.

Grâce à ces ressources abondantes, la mangrove constitue également une vaste zone d’alimentation pour les oiseaux. Ces oiseaux, adaptés à la vie dans les marais, ont de longs becs et de fines pattes allongées. A marée basse, ils fouillent la vase, à la recherche de vers, de mollusques ou de petits crabes. A marée haute, ils trouvent refuge sur les branches de palétuvier qui servent alors de reposoirs.

Cartographie des mangroves sur une partie de la cote ouest de la province Sud

Cartographie au 1:200000 des surfaces de mangroves

Sources
  • N. Baillon, C. Quidet et A. Pitoiset. La mangrove, forêt de bord de mer. Province Nord, 2002.
  • Gouvernement. DONNEE_ZoNéCo - Cartographie des mangroves de Nouvelle-Calédonie, [Donnée]. http://www.zoneco.nc/IMG/zip/zoneco_2006_cartographie_des_mangroves.zip (consulté le 10/02/2012).
  • Ifrecor. Site internet de l’Ifrecor, [en ligne] http://www.ifrecor.nc (consulté le 10/02/2012).
  • P. Laboute et R. Grandperrin. Guide des poissons de Nouvelle-Calédonie. Ed. Catherine Ledru, 2009.
  • P. Laboute, M. Feuga, R. Grandperrin. Le plus beau lagon du monde. Ed. Catherine Ledru, 1999.
  • P. Thollot. Les poissons de mangrove du lagon sud-ouest de Nouvelle-Calédonie. Thèse ORSTOM, 1992.
  • S. Virly. Atlas des Mangroves de Nouvelle-Calédonie. Programme ZoNéCo, 2008.